Suite à l’appel à projets pour le pavillon luxembourgeois à l’Exposition universelle de Dubaï en 2020, 19 projets ont été soumis. Si Metaform a remporté la consultation en collaboration avec The Space Factory, 18 autres candidats avaient également proposé un projet qu’Archiduc.lu vous présente dans cette série. Aujourd’hui, le projet mené par BENG en collaboration avec Laure Dezeuze & Christophe Goutes pour la scénographie.
Pouvez-vous nous expliquer le concept de votre projet pour le pavillon luxembourgeois à Dubaï ?
Le pavillon d’une exposition universelle n’est pas un bâtiment au sens usuel du terme. Il n’est pas obligatoirement voué à traverser le temps et à durer. Il s’agit d’un lieu de rencontre, d’échange et de communication.
De là, émerge le concept basé sur un triptyque : climat / structure / économie circulaire.
Du CLIMAT vient notre choix de ne pas concevoir un bâtiment démontable et réutilisable. Il parait difficile de faire un bâtiment suffisamment polyvalent pour répondre au climat de Dubaï et du Luxembourg.
Les grues formant la STRUCTURE se justifient par une procédure de montage, de démontages et de transport, courant et éprouvée. Les éléments d’enveloppe du pavillon sont suspendus aux grues permettant de s’affranchir des éléments constructifs standard difficiles à réutiliser.
L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE conditionne le choix de matériaux récupérables et réutilisables. Il est envisagé de réaliser une structure métallique afin de stocker le sable excaver du terrain (donc pas d’évacuation) en offrant une enveloppe constituant un mur-masse pour les activités intérieures.
Quelle est la caractéristique la plus forte de votre scénographie ?
Après un long parcours dans le reste de l’Exposition Universelle, le pavillon invite à contempler et entrer dans l’univers d’un pays qui sait regarder loin, le Luxembourg.
Sa conception spatiale offre un lieu d’échange, de partage avec une scénographie développée autour des 5 sens.
Facebook, Facetime, Snapchat : tout le monde profite des avantages de la Big Data. Toutefois, ces technologies peuvent faire peur, car la programmation comme le système logistique semblent opaques, incompréhensibles donc souvent perçus comme déshumanisés. L’objectif est d’offrir les clés de compréhension de cette Troisième Révolution Industrielle, par la visualisation, la représentation et l’appropriation du visiteur. Les nouvelles proximités guident le projet : nouvelles proximités géographiques, mais aussi nouvelles proximités de personnes. L’interaction directe et l’appropriation par les sens permettront une approche ludique et humaine à l’univers technologique et mathématique. A travers les nouvelles technologies, l’immensité se retrouve relié à notre monde.
En quoi votre projet répond-il à la question de l’économie circulaire ?
L’économie circulaire est une économie de boucle, qui se passe de la notion de déchet. Son objectif est de produire tout en limitant fortement la consommation et le gaspillage des matières premières, et des sources d'énergies non renouvelables.
Dès les prémisses de notre réflexion nous avons cherché à intégrer cette définition dans le projet. Et la première « opportunité » était d’utiliser des procédés constructifs et des matériaux démontables ou réutilisables sur places afin de limité le bilan Carbonne de chaque élément de construction du pavillon.
En raison des grandes différences climatiques et en considération de l’éloignement entre le Luxembourg et les Emirats arabes unis, le choix du projet s’est porté sur une construction employant des matériaux réutilisables localement plutôt qu’un concept de bâtiment démontable et réutilisable. En effet, il est très difficile d’envisager un bâtiment suffisamment polyvalent techniquement pour répondre à la fois aux critères climatiques de Dubaï (grand ensoleillement) et aux conditions météorologiques luxembourgeoises (températures plus froides et précipitations plus importantes). Et le choix de reconstruction du pavillon au Luxembourg doit faire face, pour être crédible, à une complexité technique difficile à justifier d’un point de vue écologique et économique.
Aussi, l’objectif a été de s’affranchir des éléments constructifs d’un bâtiment standard difficiles à réutiliser ou à évacuer (fondations, réseaux enterrés, etc.) et d’employer des matériaux universels pouvant être ensuite utilisés localement. L’utilisation de grues de chantier comme élément structurel de l’ouvrage a permis cela. Leur procédure de montage, de démontages et de transport est courante et éprouvée. Ainsi, le projet utilise un ensemble de 5 grues pour la durée complète du pavillon : phase chantier / phase d’exploitation (élément structurel du pavillon) / phase de démontage.
Les éléments d’enveloppe du pavillon sont alors suspendus à cet ensemble de grues. Et outre la relative facilité de mise en œuvre, ce dispositif confère une légèreté à l’édifice qui semble alors en lévitation, puisque dépourvu de piliers et de colonnes.
Ensuite, le choix des matériaux de constructions et des techniques se porte sur des matières récupérables et réutilisables. Il est ainsi envisagé de réaliser une structure métallique permettant de stocker le sable excaver du terrain (et donc de ne pas devoir l’évacuer) tout en offrant une enveloppe constituant un mur-masse pour les activités intérieures. Et en fin d'exposition universelle, les panneaux et éléments métalliques pourront être réutilisés sur des chantiers locaux (parkings couverts, etc.) et le sable reprendra sa place initiale.
Toutes les installations techniques utilisées devront suivront cette même stratégie afin d’être également simples et facilement récupérables.
Mais l’utilisation de cette méthode ne doit pas être mise en place au détriment du confort de l’usager, ni en utilisant des technologies chère à produire et à entretenir. Même si il se doit d’être tourné vers le futur, il ne faut pas oublier la tradition. C’est ainsi que nous avons fait le choix de principes technique simple assurant le confort et un climat intérieur agréable de manière durable, tels que la tour à vent, le mur masse, la protection solaire…
De plus, dans un souci de promouvoir des initiatives « intelligentes », des panneaux solaires à effet Seebeck seront installés sur la façade d’entrée. Outre la grande visibilité de cet emplacement (dans un objectif didactique), celui-ci permet de profiter de la différence de température nécessaire (la face extérieure des panneaux est en plein soleil et la face intérieure profite de l’effet du mur-masse rafraichi) pour créer une disparité du potentiel entre les métaux entraînant ainsi la production d'électricité attendue.
Fiche technique
Titre du projet: PAVILLON LUXEMBOURGEOIS POUR L'EXPOSITION UNIVERSELLE EXPO 2020
Architecte: BENG Architectes associés
Scénographes: Laure DEZEUZE & Christophe GOUTES (regroupement)
Autres bureaux associés (Ingénieurs, Chercheur, …): Paul WURTH / LIST
Surface envisagée: 3500 m² dont 1700m² d’exposition
Budget estimé: 16 950 000 €