L’exposition Eunma Town vient d’ouvrir ses portes à la galerie Nosbaum Reding, parallèlement à la publication d’un livre d’artiste. Une plongée fascinante dans cet ensemble de 28 immeubles et 4.424 appartements.
Depuis plusieurs années, le photographe Sébastien Cuvelier s’est pris d’affection pour la Corée du Sud en général et Séoul en particulier. De ses visites, il a déjà rapporté de nombreuses images des habitants et des bâtiments. Le projet Eunma Town rejoint ainsi se préoccupations de comprendre l’humain, son histoire, dans un environnement particulier.
Et particulier, Eunma Town l’est bien. Cet ensemble a été construit en 1979 à une époque où la Corée, très pauvre, commençait son industrialisation. «Il y avait une volonté farouche de modernité à l’occidentale et les grands ensembles correspondaient à cette idée.» Exode rural massif, transformation radicale de l’économie et de la société coréenne, Eunma Town est le témoin d’une époque et «incarne le rêve coréen».
Ce qui a séduit et intrigué le photographe, c’est que les autres immeubles construits à cette époque ont été détruits et remplacés par des bâtiments neufs et correspondant aux standards d’aujourd’hui. Mais pas Eunma Town, même si de nombreux projets de reconstruction ont vu le jour au fil des ans «et finiront bien par aboutir». De plus, malgré l’âge et la vétusté des lieux, cela reste l’un des immeubles les plus chers de Séoul.
«L’ensemble se trouve en plein Daechi-dong, l’épicentre de l’éducation privée en Corée du Sud. On sait à quel point les Coréens ont une véritable obsession de l’éducation – qui les place d’ailleurs en tête de bien des classements – et ce quartier concentre des centaines de Hagwons (académies privées). Vivent donc dans ces immeubles des gens qui veulent être proches des académies pour que leurs enfants y suivent les enseignements. C’est donc un nouveau rêve qui les meut.»

Sébastien Cuvelier est allé à la rencontre de quelques-uns des habitants pour comprendre leur parcours, écouter leurs histoires, mesurer leurs rêves. «Dans les cultures asiatiques, on reçoit peu chez soi. Ce n’était donc pas facile de pénétrer chez les gens. Mais j’ai pris le temps d’expliquer mon travail et de gagner leur confiance. J’ai été beaucoup aidé par une des habitantes qui m’a présenté à d’autres. C’est ainsi que le livre présente neuf histoires.»
Si le projet de départ était de réaliser un livre, avec pour fil conducteur des histoires des habitants, l’exposition est une sélection restreinte de photos. La première salle situe Eunma Town d’un point de vue urbanistique et architectural. «Je trouvais qu’il était important que le public comprenne bien le périmètre concerné. Ce sont des grands tirages pour faire ressentir le gigantisme de l’endroit.» Une maquette permet en outre de mesurer l’importance de cette zone.
La deuxième salle va vers l’intérieur et l’intime. Les photos sont plus petites et montrent les habitants dans leur intérieur. Pour connaître leurs histoires, il faudra lire le livre.
Exposition jusqu’au 19 septembre à la galerie Nosbaum Reding
(4, rue Wiltheim à Luxembourg)

