Suite à l’appel à projets pour le pavillon luxembourgeois à l’Exposition universelle de Dubaï en 2020, 19 projets ont été soumis. Si Metaform a remporté la consultation en collaboration avec The Space Factory, 18 autres candidats avaient également proposé un projet qu’Archiduc.lu vous présente dans cette série. Aujourd’hui, le projet mené par les bureaux Jim Clemes et Kaell Architecte en collaboration avec le scénographe nowakteufelknyrim.
C’est le monde de l’espace sous-tendu par la science-fiction et la figure luxembourgeoise Hugo Gernsback qui ont inspiré le duo composé par les bureaux d’architectes de Jim Clemes et Claudine Kaell, épaulé par le bureau de scénographie de Düsseldorf nowakteufelknyrim. Ils ont mêlé cet univers à celui du nation branding «Luxembourg: Let’s make it happen» pour créer un pavillon à la fois simple et ample dans son geste architectural, «une sphère suspendue dans l’espace qui, par sa transparence, symbolise l’ouverture vers le monde extérieur, et qui est posée sur des fondations stables», comme l’explique leur note d’intention. Ce pavillon se présente alors comme un vaisseau spatial arrimé à sa plateforme de lancement, prêt à partir en mission. Dans son livre « A user manual for spaceship earth », Buckminster Fuller décrit la terre comme un vaisseau spatial doté de ressources limitées, qu’il faut gérer avec parcimonie, car il est impossible de les renouveler. L’ambitieux projet du Space-mining permettrait de ressourcer notre Terre mère, de recharger ses batteries. Le pavillon démontre que le Luxembourg a compris ces défis et témoigne de sa volonté de les relever en mettant en réseau les esprits les plus brillants – Connecting minds. Le projet de la 3e révolution industrielle du Luxembourg devient ainsi le projet du Brain-mining.
Aussi, deux parties distinctes se développent pour ce pavillon: une partie «Ground», partiellement enterrée, et une «lentille», ouverte vers l’extérieur, abritant deux niveaux intérieurs.
Ground
Cet espace correspond aux fondations du pavillon. Partiellement enterré, il est structuré par des piliers en béton et acier, matérialisant «le savoir-faire technique et les ressources naturelles et matérielles du Luxembourg». Les quatre piliers reprennent la forme du «X» du logo du nation branding et sont peints en rouge et bleu, à l’image du logo.
Cet espace détermine une zone d’ombre à l’abri de la superstructure sphérique du pavillon. Cet espace est conçu comme une zone de repos: des chariots d’aéroport transformés en food truck, des bancs, des espaces animés. Les concepteurs ont choisi volontairement de ne mettre aucune végétation sur cet espace public, toute plante étant naturellement allochtone et consommatrice d’eau, ce qui va à l’encontre de l’idée de respect des ressources naturelles et de l’énergie. C’est un langage aéronautique et futuriste qui est développé, illustrant ainsi l’état transitoire du pavillon à Dubaï.
Du niveau de la rue, les visiteurs sont invités à descendre vers un niveau souterrain, qui bénéficie de la fraîcheur naturelle du sol, via une généreuse pente descendante et des escaliers mécaniques disposés en forme de «V». À ce niveau, les visiteurs peuvent profiter d’un restaurant avec des plats luxembourgeois, des stands de pêche aux canards, des sucettes dont la forme reprend le «X» du nation branding, des stands de dégustation (vins, jus de raisin, pâté au riesling, madeleines…), d’un shop avec des produits luxembourgeois et une bande-son mélangeant orgue de barbarie et musiciens luxembourgeois. Sur le pourtour, les espaces fonctionnels tels que les bureaux, locaux techniques, sanitaires, stocks, etc. Sur les murs, des images du Luxembourg sont projetées (Schueberfouer, la Moselle, les musées, paysages de nature ou urbains…) avec l’aide du CNA pour la documentation. Puis les visiteurs peuvent passer vers l’étage supérieur par une large plateforme de 6m de diamètre, comme un élévateur de soucoupe volante.
La lentille
Cette partie supérieure est la partie démontable du projet. Elle est conçue dans un esprit aérien, léger et transparent. «Cette superstructure plus légère est composée d’acier et de bois de hêtre luxembourgeois, et enveloppée d’une membrane transparente en ETFE avec photovoltaïque intégrée qui illustre l’ouverture de Luxembourg vers le monde et l’espace.» Le soir, le toit se lève partiellement pour s’ouvrir vers le ciel (et rafraîchir l’air par la même occasion). Au zénith, un drone en position stationnaire au-dessus du pavillon relaie l’image du pavillon, à savoir le «X» du logo.
Dans la lentille se développent deux niveaux ou «plateformes». La première plateforme est dédiée aux «ressources humaines, le workforce national et international, les compétences intellectuelles et matérielles du Luxembourg». Sans les influences venues de l’extérieur, le Luxembourg ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Ces influences diverses et variées ont donné au pays la possibilité et l’obligation de se réinventer en permanence, de s’adapter et d’élaborer de nouvelles stratégies, qui profitent désormais à tous : le Luxembourg est ouvert au monde. Sans les relations et les échanges avec des travailleurs et des détenteurs de savoirs venus de l’étranger, il n’y aurait pas aujourd’hui cet incroyable potentiel pour mettre en place une troisième révolution industrielle.
Aussi, le parcours se compose des stands de recherche avec l’Uni.lu, la biomédecine, le space mining, mais aussi les produits de la finance et les activités liées à la troisième révolution industrielle.
Pour accéder au niveau supérieur, les visiteurs parcourent ensuite une rampe double, animée par des projections qui présentent les collaborations nationales et internationales au Luxembourg et du Luxembourg à l’étranger, dans l’objectif de montrer la position avant-gardiste du pays. L’élément central de l’espace d’exposition est une sorte de compas que l’on peut parcourir. La rampe qui mène les visiteurs à l’étage supérieur s’orne d’un panorama à 360 degrés : une galerie de 360 personnalités plus ou moins célèbres, qui ont changé, enrichi et influencé le monde depuis le Luxembourg – ou vice versa. Les portraits représentent des personnalités contemporaines, mais aussi des personnages historiques (« il faut contempler le passé pour comprendre le présent »). On y trouve aussi des portraits de personnes qui agissent déjà aujourd’hui et qui, peut-être, accompliront de grandes choses à l’avenir. Les portraits sont disposés le long du « compas » de façon à ce que chacun pointe précisément dans la direction du pays auquel il se rapporte – notamment vers le nord, là où se trouve le Luxembourg. Entre deux portraits, la façade en lamelles offre aux visiteurs une vue sur le monde extérieur – un monde miniature qui prend la forme de l’Expo 2020.
La plateforme 2 est dédiée à une université ouverte, un grand think tank, avec des conférences réelles ou virtuelles dans un auditorium dédié où interviendront penseurs internationaux et luxembourgeois, ainsi que des stratèges, philosophes, scientifiques, humanistes, économistes… Les visiteurs pourront interagir via un livre d’or numérique accessible depuis un smartphone et l’application développée pour le pavillon.
Un élément essentiel est la carte numérique et interactive à parcourir. Les visiteurs se promènent sur cette carte et, quand ils s’arrêtent sur l’un des symboles,
cela déclenche une action. Un organigramme animé illustre la mise en réseau de l’« Internet de l’énergie renouvelable » ou de l’« Internet de la mobilité ». Un jeu de rôle interactif invite les visiteurs à comprendre et à expérimenter la façon dont le Luxembourg se transforme en pionnier dans le domaine des économies d’énergie et de la préservation des ressources grâce à ses futures technologies intelligentes de l’économie circulaire, ainsi que les moyens qu’il emploie à cette fin.
Les visiteurs peuvent participer en se glissant dans le rôle des différents acteurs impliqués et en influençant ainsi l’évolution depuis différentes positions.
Ils peuvent développer progressivement l’économie intelligente en prenant les décisions adéquates et en utilisant les budgets correspondants – par exemple en installant des centrales électriques décentralisées, en construisant des lignes électriques, etc. Ils prendront conscience de l’importance de relever ces défis tous ensemble. Les destins des joueurs les mèneront à différents résultats, qui seront ensuite soumis à une analyse de durabilité.
L’ensemble du pavillon est conçu dans le respect de l’économie circulaire: bois, acier, matériaux recyclables sont utilisés dans la construction, tout comme les ressources locales à Dubaï (sable, air, soleil). L’énergie nécessaire au fonctionnement provient le plus possible de sources renouvelables, la lumière naturelle est privilégiée, les conditions climatiques sont optimisées.
Le pavillon pourra après l’exposition revenir au Luxembourg. Les lieux d’implantation envisagés sont le parc Kinnekswiss ou Belval.
Fiche technique
Titre du projet :LUXEMBOURG 3.0 – WE MAKE IT HAPPEN
Architectes: Atelier d'Architecture et de Design Jim Clemes, Kaell Architecte
Scénographie: nowakteufelknyrim (Petra Knyrim, Stefan Nowak, Dominik Mycielski)
Consultation énergétique: Transsolar KlimaEngineering
Volume brut : 26.000 m3
Surface brute: 4.660 m2
Budget estimé de construction: 13,25 millions d’euros
Budget estimé de scénographie: 2,6 millions d’euros