Ce sera donc le bureau Metaform, accompagné du bureau lyonnais The Space Factory pour la scénographie, qui réalisera le pavillon luxembourgeois pour l’Exposition universelle à Dubaï en 2020.
Au total, 19 projets ont été remis suite à l’appel qui avait été lancé au mois de janvier dernier. «Les projets étaient d’une très grande qualité et il n’a pas été facile de les départager», précise Maggy Nagel, commissaire générale de Dubaï 2020. C’est pourtant ce qu’a fait le comité de sélection, composé de 13 membres effectifs, présidé par l’architecte Christian Bauer et qui a désigné le groupement Metaform + The Space Factory comme lauréat.
Leur projet répond au thème de l’exposition «Connecting minds, creating the future» et au sous-thème choisi par le Luxembourg: l’opportunité. «C’est un moment important pour notre pays et le sujet est vaste», précise Étienne Schneider. «Mais la proposition apportée répond à ce concept. En plus, l’ensemble du pavillon est prévu pour être démontable et réutilisable par la suite au Luxembourg, pour que tous les citoyens qui n’auront pas l’occasion de se déplacer à Dubaï puissent aussi en profiter.» Rappelons que le budget consacré à cette exposition s’élève à 25 millions d’euros et que des sponsors complémentaires doivent encore être trouvés.
Le ruban de Möbius
Lorsque les architectes se sont lancés dans la réflexion de la conception de ce pavillon, beaucoup de questions sont venues à eux. «Inévitablement, nous nous sommes demandé quelle image du Luxembourg véhiculer», explique Shahram Agaajani du bureau Metaform. «Nous sommes un petit pays, mais ouvert et dynamique, où la notion de frontière est très ouverte. Nous nous sommes appuyés sur ces caractéristiques pour imaginer notre pavillon. C’est ainsi qu’est venue l’idée du ruban de Möbius, une forme infinie, à l’image de l’économie circulaire.»
Cette forme permet d’accueillir les visiteurs par une ouverture bien visible et accueillante. À l’intérieur d’un bâtiment, qui aura une surface brute de 2.100m2, les visiteurs pourront se déplacer à partir de différentes rampes dans un flux continu grâce à une circulation pensée sur plusieurs plateaux qui communiquent les uns avec les autres, «à l’image de ce qu’est aussi la ville de Luxembourg», souligne l’architecte. Les visiteurs seront guidés dès l’entrée vers les étages d’où démarrera l’exposition composée de projections vidéo interactives, qui varieront en fonction du nombre de visiteurs, de vues directes vers le Luxembourg via des ‘livecams’ ou d’objets d’exposition. Ils pourront choisir de descendre au rez-de-chaussée par les escaliers, l’ascenseur ou un toboggan géant, clin d’œil à la Schueberfouer. Là se trouveront le shop et un restaurant, qui prendra une place importante dans le projet.
Une scénographie déambulatoire et interactive
À l’intérieur, la rampe déambulatoire sera jalonnée d’étapes montrant ce qui anime le pas et ses habitants, des informations générales sur le pays, les différents secteurs de l’économie et la vie au quotidien pour terminer par les aspects les plus conviviaux. Le point culminant du pavillon est un espace dédié aux nouvelles technologies, dont le space mining, les centres de recherche luxembourgeois et les services de SES, un des trois sponsors.
«La scénographie fait complètement corps avec l’architecture du pavillon», détaille Frans Swarte de The Space Factory, bureau qui a conçu entre autres la scénographie de la Fondation Vuitton à Paris ou encore celle de l’Elbphilharmonie à Hambourg. «Les parois ne sont pas seulement des supports de projection, mais des éléments qui accompagnent pleinement la scénographie. Par ailleurs, nous avons choisi de travailler autour des cinq sens.» Pour la vue, ce sera l’exposition en elle-même qui se développera sur l’ensemble des surfaces, y compris le plafond courbe; l’ouïe sera sollicitée à travers le space mining, les sons qui nous proviennent de l’espace ou au contraire l’absence de son; pour le toucher, en plus des écrans tactiles, le visiteur qui voudra emprunter le toboggan se verra remettre une sacoche qui se transforme en tapis de glisse; l’odorat sera sollicité par les odeurs de rocher et de flore typiques du Mullerthal qui seront implantées dans l’atrium; enfin le goût sera développé avec le restaurant où seront servies non seulement la cuisine luxembourgeoise traditionnelle, mais aussi une cuisine aux différentes influences internationales, à l’image des restaurants du pays.
Principe de construction
Le pavillon sera réalisé à partir d’éléments préfabriqués au Luxembourg qui seront ensuite acheminés à Dubaï. L’ensemble pourra être démonté puis remonté au Luxembourg après l’Exposition universelle. La structure portant est réalisée en acier. «Au total, 770 éléments différents sont groupés en quatre longueurs de profils», explique Shahram Agaajani. Ces éléments numérotés seront boulonnés entre eux, et non soudés, pour permettre le démontage et remontage. Afin d’épouser au mieux la forme organique, le système porteur est imaginé en petits profilés métalliques assemblés en triangles, ce qui permet également d’apporter la stabilité. La peau extérieure sera revêtue de panneaux en acier de 1,5x2m peints en blanc. L’intérieur est habillé de lattes en sapin du Luxembourg.
Quant aux solutions trouvées pour le climat à l’intérieur du bâtiment, il s’agit de la mise en place d’une ventilation naturelle inspirée du système iranien des «badgirs» («attrape-vents») qui repose sur le principe d’une faible dépression créée à l’intérieur. À chaque fois qu’un souffle de vent passe à travers le sommet, la différence de pression aide à remonter l’air chaud vers le sommet et à amener de l’air frais, rafraîchi grâce à des brumisateurs vers le bas de l’édifice. À l’entrée et à la sortie, des brumisateurs seront installés pour apporter de l’humidité et de la fraîcheur aux visiteurs. Le surplus d’humidité sera capté par les planches de bois qui réduiront la transmission de chaleur. Ce système permet d’installer une climatisation uniquement pour les plateaux intérieurs, le restaurant et le bureau, et dont les besoins en énergie seront faibles puisque ces espaces sont protégés du rayonnement direct du soleil et se trouvent dans un environnement déjà refroidi.
À l’extérieur, la largeur du ruban de Möbius sera modifiée à certains endroits pour profiter d’une surlargeur là où il se transforme en toiture, afin de créer un auvent protecteur du soleil ou de la pluie. Sur le parvis, des trampolines géants seront installés et rappelleront une surface d’astéroïdes. De quoi amuser les enfants!