Suite à l’appel à projets pour le pavillon luxembourgeois à l’Exposition universelle de Dubaï en 2020, 19 projets ont été soumis. Si Metaform a remporté la consultation en collaboration avec The Space Factory, 18 autres candidats avaient également proposé un projet qu’Archiduc.lu vous présente dans cette série. Aujourd’hui, le projet mené par l’association momentanée PAT.- Buonomo Veglia- De Ferrari en collaboration avec Open Door / Studio Azzurro pour la scénographie.
Pouvez-vous nous expliquer le concept de votre projet pour le pavillon luxembourgeois à Dubaï ?
Expression pure d’un processus circulaire, l’extérieur est un prisme rectangulaire construit à partir de deux ressources évocatrices: l’acier du Luxembourg et le sable de Dubaï. L’acier pour une toiture offrant beaucoup de lumière, démontable et recyclable. Du sable pour remplir des "Big Bags" en BoPET qui deviennent la « maçonnerie » géante des parois. Utilisés pour transporter les débris des chantiers, les "Big Bags" sont ici le moyen pour bâtir et le symbole du déchet qui devient ressource. Le BoPET (Mylar) est un film polyester métallisé, utilisée pour protéger thermiquement les satellites. Son image, liée au secteur aérospatial si important pour l’économie du Luxembourg, est introduite à l’intérieur. Ici, l’espace carré accueille l’arrivée d’une grande sphère: un monde qui se révèle dans un scénario continu d’images lumineuses. L’Histoire et l’Avenir du Luxembourg sont présentés dans une mosaïque de films et des moments emblématiques avec des images enveloppantes, dont certaines arrivent directement des satellites en orbite autour de la Terre. L’espace d’exposition semble clair et tout à fait visitable, mais la hauteur à laquelle le «monde» est placé, si près du sol, suggère aux visiteurs de choisir un chemin de visite périphérique. Les limites orthogonales de l’espace d’exposition s’ouvrent avec des coupes d’images vidéo qui reproduisent, de façon plus approfondie, le contenu qui apparait sur le monde central. À la fin de l’exposition, les "Big Bags" seront vidés en rendant le sable à l'endroit de prélèvement et pourront être réemployés ou vendus comme souvenir de l’Expo.
Quelle est la caractéristique principale de votre scénographie ?
Un espace de la perception ordonnée et régulière accueille avec surprise l’arrivée d’un monde qui se révèle aux observateurs, dans un scénario continu d’images lumineuses. C’est un moment spécial qui célèbre dans une atmosphère de suspension, dans un climat d’action ralenti indéfiniment par magie, un événement encore en gestation, pas encore conclu. Le monde qui plane d’en haut n’a pas encore pris une position finale, il est sur le point de toucher le sol, mais pas encore. La distance qui le sépare de la surface du sol, grâce à la présence inattendue d’un grand miroir convexe, placée au-dessous, permet de l’observer une fois de plus, par un point de vue privilégié, avant la fin de la descente, dans l’intégralité de son mouvement. De cet observatoire, et dans ce jeu d’images courbes et cycliques l’Histoire et l’Avenir du Luxembourg son présentées dans une mosaïque complexe de films d’animation et des moments emblématiques avec de grandes et uniques images enveloppantes, dont certaines pourraient arriver directement des satellites en orbite autour de la Terre. L’environnement multimédia naît de la comparaison des suggestions et des formes, et propose le dialogue symbolique entre un carré et un cercle, à la recherche d’un équilibre comme un éternel et infatigable funambule toujours en mouvement. Pour cette raison, carrés et cercles sont la mesure et la référence de la structure. Les limites orthogonales de l’espace d’exposition, un épais ensemble de colonnes de "Big Bags" de BoPet remplis de sable, s’ouvrent parfois, en cadence de signes cardinaux, avec des coupes verticales d’images vidéo qui reproduisent, de façon plus approfondie et raisonnée, le contenu qui apparait sur le monde central. La narration des images, la programmation des contenus et des thèmes, prend sa source par la suggestion et l’évocation de l’histoire industrielle et économique luxembourgeoise, rangée par le dialogue symbolique entre le carré et le cercle, à travers l’intersection et la fusion des axes principaux.
Grâce à la création d’un système de référence conceptuel basé sur la relation entre des axes orthogonaux, la structure de l’histoire peut donc prendre forme.
Le premier axe narratif est le vecteur de la «matière», avec une connotation de perspective historique assez forte qui conte dans son évolution le passage du monde matériel de l’acier et de la technique, à travers un processus de dématérialisation apparent, pour arriver à l’autre extrémité de l’axe, où on trouve le thème de l’espace, de la technologie, et de la recherche scientifique créative.
Le deuxième axe, c’est «l’axe des pensées vertueuses », en angle droit par rapport au premier axe. Il conte, à une extrémité, le thème de la «singularité» et, à l’autre, le thème de la multiplicité, de la diffusion et du partage.
Enfin, les quatre extrémités, apparemment isolées les unes par rapport aux autres, sont liées dans l’action vertueuse d’une pensée circulaire, générant de façon inattendue de nouvelles catégories thématiques.
Technique virtuose, virtuosité de l’espace, utilité de l’espace, technologie plurielle et partagée: tous ces éléments représentent les possibles et futures conjonctives formes germinales présentées dans l’histoire complexe des images.
Des écrans LED, disposés en vertical, permettent la vision des thèmes articulés et plus spécifiques des divers sujets, consultables par des menus, pour créer des images absolument originales.
En quoi votre projet répond-il à la question de l’économie circulaire ?
Un système de construction modulaire à sec est le système le plus performant du point de vue des principes de l’économie circulaire (et du recyclage). On peut envisager deux types de réversibilité: la construction et la démolition sur place, sans modification ni perte de matière, et la construction par pièces démontables et la reconstruction dans un autre milieu avec la même ou une autre fonction.
Le pavillon du Luxembourg sera constitué de peu de matériaux, locaux et naturels ou recyclables : acier et sable.
Pour le pavillon du Luxembourg, on a imaginé des parois constituées d’une « maçonnerie » géante (remparts cyclopiques) en grands sacs de mylar (comme les « feuillets » de la couverture qui protège thermiquement les satellites) remplis de sable local. Par sa masse et la capacité de sa surface de réflexion de la chaleur, cette paroi a d’excellentes propriétés thermiques et en particulier pour maintenir naturellement au frais l’intérieur du pavillon.
À la fin de l’exposition, les "Big Bags" seront simplement vidés en rendant le sable à l'endroit de prélèvement et pourront être maintes fois réemployés tels quels ou vendus comme souvenir de l’Expo.
Le deuxième type de recyclage est représenté par la structure en acier, produit par recyclage et intrinsèquement recyclable. Le schéma structurel par poutrelles-poteaux et poutrelles alvéolaires ACB est simple et crée un volume extrêmement flexible (d’environ 38x38x10 mètres). Les planchers seront eux aussi secs, constitués de profils à nervures trapézoïdales en acier. Celui de la couverture sera recouvert sur la partie supérieure d’une couche de sable en vrac comme masse d’inertie thermique, d’une d’isolation en laine de bois et enfin un système de toiture étanche à joint debout métallique et de gravier. Chaque couche peut être enlevée séparément.
Une fois le pavillon démonté (tout le montage est fait par boulonnage) et transporté au Luxembourg, il suffira de changer le type de paroi et l’aménagement intérieur pour changer d’aspect et de fonction: peuvent être envisagés une installation sportive (le pavillon peut abriter deux terrains de tennis), un hypermarché, un musée des satellites et de l’exploration spatiale, une bibliothèque ou une salle de spectacle.
L’acier produit au Luxembourg reviendra au Luxembourg et le sable emprunté à Dubaï restera à Dubaï.
Du point de vue de la limitation de la consommation d’énergie, le système de climatisation proposé pour l’espace collectif de l’édifice se compose de deux sous-système: 1) refroidissement naturel assisté avec un fonctionnement de largage aérien par évaporation (jour) et ventilation de la masse thermique (nuit); 2) le système de sauvegarde avec des échangeurs radiants à eau au sol. Du point de vue de l’autoproduction d’énergie renouvelable, le brise-soleil périmétral du pavillon constitue une centrale solaire photovoltaïque et solaire thermique qui fournit 105% de l’énergie électrique nécessaire (le surplus est rendu à la Smart Grid de Expo Dubaï) et 100% de l’eau chaude sanitaire. Quatre générateurs d’eau potable par condensation d’humidité aérienne produisent 2.000 litres d’eau par jour.
Fiche technique
Titre du projet : The Space in the Sand / L’Espace dans le Sable
Architecte : PAT. / Buonomo Veglia / Studio De Ferrari
Scénographe : Open Door / Studio Azzurro
Ingénieurs : Buonomo Veglia / Mario Grosso / Buro Happold
Surface envisagée : 2.166
m2
Budget estimé : € 5.700.000 + scénographie et audiovisuels